Notre hommage à Julio Silva est forcément un hommage très subjectif, fait de reconnaissance pour les conseils que Julio nous a prodigués alors que nous faisions avec lui et le poète espagnol Vicente Cervera Salinas notre premier livre, L’âme oblique, et d’émotions profondes au souvenir de nos visites dans son atelier du boulevard Brune, antre habitée par les âmes de ses innombrables sculptures d’Afrique noire, sentinelles et génies tutélaires de son œuvre, sous le regard plein d’une fantaisie surréaliste de masques mexicains multicolores, bestiaire fabuleux dont le farcesque bariolage dissimulait l’esprit des morts, comme la statuaire du continent noir reliait notre monde à l’éternité.

Nous déambulions entre les étoffes perlées Bamiléké et les toiles de Julio Silva, à découvrir dessins et peintures du compagnon de route de Julio Cortazar, « Julio Pincel y Julio Pluma » comme on les nommait, ou à la recherche de pointes et marteau pour encadrer « les bonhommes », petits êtres fantastiques dont nous aimions tant la candeur presque enfantine et la drôle de poésie.

Au début de l’été, nous prenions le tramway dans le parfum des tilleuls du quartier chinois pour nous y rendre, l’enthousiasme et la joie au cœur, avec un vrai gâteau de faux anniversaire, et fêter le simple plaisir d’être et de créer ensemble, et nous l’avons pris encore dans la neige de décembre, qui retenait les avions de Noël au sol, pour préparer, en même temps que la parution de notre tout premier recueil, l’exposition d’œuvres sur papier de Julio Silva au Centre franco-japonais Tenri. Eiko Kuki nous y accueillait, le maître argentin et nous, pour peupler les salles de personnages imaginaires et d’espérance (cliquez ici)

Le 17 décembre 2010, les exemplaires de L’âme oblique, sortis comme des croissants chauds tout juste de chez l’imprimeur, sont arrivés depuis le sud de l’Espagne à Paris pour le lancement de notre Paquebot.

Nous sommes heureux et fiers que Julio Silva nous ait accompagnés sur son chemin de glissement vers la mer.